LE PRIX SAINT-MICHEL

Histoire d’une tradition

« Il fait bon vivre en Belgique », « De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus courageux », « Terre d’héroïsme » : de Jules César à Winston Churchill, en passant par la sagesse populaire, il ne manque pas de citations pour célébrer notre pays et ses habitants !

Mais on reste plus discret sur l’un de nos défauts majeurs : notre extraordinaire faculté à nous auto-dénigrer et à manquer de fierté au regard de nos actes, initiatives et inventions.

Ainsi, le PRIX SAINT-MICHEL.

Sait-on qu’il s’agit de la première, et donc la plus ancienne, distinction jamais décernée dans le domaine de la Bande Dessinée franco-belge ?

Le PRIX SAINT-MICHEL devance ainsi toutes les autres récompenses qui, en France, en Suisse et au Québec, couronnent une oeuvre et un créateur de littérature illustrée… et font cependant l’objet d’un battage médiatique nettement plus important !

C’est, en effet, dès la fin des années 60 que naît chez André Leborgne de créer le premier Prix saluant le travail d’un auteur de bande dessinée.
Un palmarès prestigieux

Patronné par le bourgmestre de la capitale Belge, le premier PRIX SAINT-MICHEL a été attribué dans le cadre de la Foire du Livre, à Edgar-Pierre Jacobs, en 1971.

Epinglons quelques titulaires de ce Prix prestigieux : Morris (1972), Hergé (1973), Derib et Leloup (1974), Jijé (1975), Cosey (1979), Comès (1980), Brunel (1981), Chaland (1982), Wasterlain (1984), Yslaire (1986), Hermann (2002), Rosinski (2004), Gotlieb (2007), Jean Van Hamme (2009), Philippe Delaby (2011), Philippe Geluck (2013), Cestac (2014), Walthéry (2015), Milo Manara (2016). Et en 2017 Philippe Berthet.


Une nouvelle jeunesse

Comme toutes les institutions, qui paraissent immuables, le PRIX SAINT-MICHEL a connu un passage à vide. Cet effacement temporaire est dû à la multiplication de récompenses plus récentes et largement médiatisées, très souvent avec l’aide des pouvoirs publics français, suisses et canadiens.

Depuis 2002, le PRIX SAINT-MICHEL connaît une nouvelle jeunesse, ainsi qu’un éclat renouvelé. L’équipe organisatrice du COMICS FESTIVAL de la Région de Bruxelles-Capitale a repris en main l’organisation de cet événement annuel.

Une première décision d’importance : alors que les premières éditions du PRIX SAINT-MICHEL faisaient penser à une remise des Oscars, il a été décidé de réduire le nombre de prix attribués annuellement, afin de mieux mettre en valeur l’artiste couronné.

Fort de son ancienneté et de son prestige, le PRIX SAINT-MICHEL a retrouvé tout le lustre qui l’entoura dès sa fondation.

La consécration du PRIX SAINT-MICHEL

Composé d’un jury de professionnels de tous les secteurs de la bande dessinée (édition, création, vente), l’actuel comité du PRIX SAINT-MICHEL se réunit plusieurs fois par an pour évaluer les tendances fortes dans le secteur de la littérature illustrée.

Le PRIX SAINT-MICHEL s’est assigné deux buts essentiels :

Couronner l’ensemble d’une oeuvre

Encourager les futures vedettes de la BD
2018 fut un très grand cru !

Le Grand PRIX SAINT-MICHEL a été attribué, pour l’ensemble de son oeuvre, à un auteur qui a permis que la Bande Dessinée devienne le 9ième art ...

Jean-Claude Mézières

Malgré une solide formation à l'École des arts appliqués de Paris à la fin des années cinquante, ce n'est pas dans la création de dessins pour tissus et papiers peints que Jean-Claude Mézières fera sa réputation. Sa passion de jeunesse pour le dessin de Bande Dessinée, après des débuts pour le moins hésitants, sera le fil conducteur de sa carrière.

En 1967, pour le journal Pilote, il crée avec son ami d'enfance Pierre Christin les personnages de Valérian et Laureline dans une histoire de science-fiction dont les auteurs n'avaient pas imaginé la longévité, puisque la collection comporte plus d’une vingtaine de titres. Le Grand Prix du Festival d'Angoulême lui est décerné en 1984.

Si Valérian est son unique série dessinée, Mézières aime varier les expériences. En 1987, en compagnie de Christin, ils réalisent Lady Polaris (réédité chez Casterman en 2008) un reportage en forme de documentaire/fiction sur les ports de l'Europe, puis en 1991 ils établissent une encyclopédie les Habitants du ciel qui étudie toutes les créatures fantastiques rencontrées par Valérian et Laureline dans leurs aventures cosmiques.

Sollicité en 1992 par Luc Besson pour créer les décors futuristes du Cinquième Élément, Mézières apportera sa touche personnelle au film, ainsi que... les taxis volants que Valérian utilisait auparavant dans les Cercles du pouvoir (1994) ! Les albums de Valerian et Laureline continuent …

En 2000 Mézières est sollicité par les Terres Australes et Antarctiques Françaises pour réaliser une plaquette de 4 timbres sur le thème des TAAF. Quatre autres plaquettes seront publiées les années suivantes et lui permettront d’embarquer pendant un mois sur le navire « Marion Dufresne » dans une rotation vers les iles australes de l’Océan Indien.

Pour Lille 2004, son Chemin des Étoiles, un gigantesque décor d’astroport au cœur de la ville, n’est pas passé inaperçu et le début du cycle final des aventures de Valerian et Laureline débute avec Au Bord du Grand Rien la même année. Le ComicCon 2006 de San Diego USA décerne un Inkpot Award à Mézières et en 2010 parait l’ultime album des aventures de Valérian et Laureline L’OuvreTemps où les héros retrouvent enfin Galaxity …et ce qui s’en suit. Les deux auteurs sont invités au Japon pour une exposition au Manga Museum de Kyoto.

Maintenant la boucle est bouclée avec le GRAND PRIX SAINT-MICHEL.

Eric Coune
Président